17h : Temps d’échanges “Travailler en réseau sur un chantier”

Intervenantes : Françoise CHAUDRILLIER - Lefficens/Renovia Bourgogne, Elsa DUPONT - Pôle Énergie Franche Comté

Animatrice : Elsa MAURIE, PETR Mâconnais Sud Bourgogne


L’objectif d’une rénovation performante nécessite d’avoir une vision globale du bâti pour éviter les ponts thermiques et avoir une bonne étanchéité à l’air. Pour ce faire cohésion et coordination entre les corps de métiers sont nécessaires.

Le fait de travailler en réseau sur un chantier permet cette coordination, mais aussi d’autres avantages comme avoir 1 interlocuteur unique pour le client, optimiser les coûts, gagner en qualité et efficacité, ... Des expérimentations existent dans plusieurs territoires pour permettre aux professionnels du bâtiment de mieux travailler ensemble.

Les 2 intervenantes ont pu réaliser un retour d’expérience enrichissant concernant le travail en réseau.

Françoise Chaudrillier est gérante du cabinet de conseils LEFFICENS (audits énergétiques et formations aux professionnels) et présidente de RENOVIA BOURGOGNE, groupement d’entreprises sur les secteurs du Creusot / Montceau / Chalon.

Elsa Dupont est chargée de mission au Pôle Energie Franche-Comté et a accompagné la création de 7 groupements d’entreprises à sur le Pays Vesoul Val de Saône et sur la Communauté d’Agglomération du Grand Besançon et la communauté de communes Doubs Baumois, représentant 65 artisans.


Le temps d’échanges a débuté par un petit sondage à main levée. Sur les 10 participants, il y avait 1 particulier et 9 professionnels.


Le particulier présent a indiqué que ce qui le bloquait pour débuter son projet de rénovation c’était le manque de réponses à la question “par où commencer ?” et des informations sur les financements possibles. Parmi les blocages au lancement de son projet il identifiait le fait de trouver des professionnels pouvant répondre à ses besoins.


Il a été demandé aux professionnels s’ils travaillaient déjà en réseau. La majorité a répondu que non. L’un d’entre eux a indiqué qu’il avait essayé mais que cela avait été un échec, en se retrouvant avec des sous-traitants qu’il fallait gérer et qui étaient davantage source de problèmes que d’efficacité. Une autre personne a souligné que les artisans souhaitent garder leur indépendance et qu’il est donc difficile pour eux de formaliser le fait de travailler en réseau. Il y a néanmoins des expériences réussies sur certains territoires, comme en Bretagne, en Vendée, ou encore dans la Drôme avec le dispositif DOREMI.


Un participant indique qu’il faut que les activités des différentes entreprises soient complémentaires pour que cela fonctionne. Un autre souligne qu’il est très important, dans un groupement, que les entreprises soient de taille similaire afin d’éviter des asymétries dans les relations.


Françoise Chaudriller est revenue sur l’origine du groupement RENOVIA BOURGOGNE. Les objectifs de la création de ce groupement sont multiples :

  • clarifier et simplifier le message pour le particulier
  • identifier un interlocuteur unique pour le particulier
  • améliorer la gestion du chantier et ainsi la performance énergétique
  • mutualiser les compétences et les outils
  • mutualiser les démarches commerciales
  • mutualiser les connaissances et la veille
  • augmenter le panier moyen des travaux de rénovation (de moins de 10 000€ à un objectif de 25 000€)

Concernant ce dernier objectif, les ménages engagent le plus souvent un seul lot de travaux à la fois. Sans viser une rénovation énergétique globale, il s’agit d’expliquer au particulier l’intérêt d’engager plus de moyens sur son projet, pour un meilleur confort, plus d’économies sur le long terme et plus d’aides financières.

Le bureau d’études est l’interlocuteur du particulier. Il propose un pré-chiffrage du projet et demande l’accord du particulier pour solliciter les entreprises. Ce schéma permet un taux de transformation du devis en travaux important.

Des fiches travaux ont été mises en place afin d’avoir une cohérence entre les corps de métiers.

La difficulté principale que le groupement a rencontré est le financement de l’audit et du pilotage des entreprises. En effet, en France, les particuliers ne sont pas prêts à payer pour ce service d’ingénierie. Or, dans le cas de RENOVIA BOURGOGNE, le bureau d’études réalise une avance de trésorerie et en temps (le bureau d’études réalise l’audit dont la prise en charge est mutualisée dans le coût des travaux, s’ils sont mis en oeuvre par le groupement) trop lourde à supporter.

Pour perdurer, RENOVIA BOURGOGNE aurait besoin des moyens financiers pour relancer durablement le dispositif, les membres du groupement ne souhaitant pas prendre de risques financiers à ce stade du dispositif.

Françoise Chaudriller ajoute que dans le cadre de RENOVIA l’animation du groupement a été initialement sous-évaluée.


Elsa Dupont a à son tour décrit le processus de création de groupements sur Vesoul et Besançon. La Région Franche-Comté a lancé il y a quelques années le programme Effilogis, permettant, entre autres, le financement d’un audit énergétique (reste à charge de 150€ pour les particuliers). Cet outil est intéressant mais le taux de réalisation de travaux à la suite de l’audit était réduit. L’une des raisons de ce faible taux de transformation était la difficulté des propriétaires à réunir tous les professionnels. La mise en place de groupements d’entreprises, offrant l’ensemble des travaux d’une rénovation globale et permettant une coordination facilitée du chantier, a été choisie.

Sur les 7 groupements sur Vesoul et Besançon, un seul est un groupement permanent.

Cette expérimentation sur Vesoul et Besançon s’est fait de manière conjointe entre Pôle Energie Franche Comté et l’Espace Info Energie local. Les particuliers conseillés par l’EIE peuvent être orientés vers les groupements accompagnés par le Pôle Énergie Franche Comté et font leur choix. Des plaquettes de présentation ont été créées pour expliquer la démarche aux particuliers. Le conseiller de l’EIE propose une relecture des devis et vérifie les produits proposés.


D’après Elsa Dupont, certains groupements pâtissent d’un manque de vision globale que pourrait apporter un maître d’œuvre ou un architecte. Deux groupements ont intégré un architecte.

S’il n’y a pas un maître d’œuvre désigné, le groupement doit effectuer de manière collective les missions d’un coordinateur, d’un bureau d’études, d’un économiste et d’un architecte. Il faut donc anticiper ces tâches et prévoir un budget en face sinon les missions seront à la charge du particulier.

L’architecte est donc pertinent lorsqu’il coordonne, planifie et aborde le projet dans sa globalité.


Un participant indique que, en plus d’un maître d’oeuvre, la fonction de commercial est importante. Il s’agit notamment de relancer les clients à la suite d’un devis. Lorsque l’artisan se déplace pour remettre le devis, le taux de transformation est en moyenne de 66%. Or cette démarche commerciale est très peu réalisée. Cette fonction peut être mutualisée par le groupement et donc faire progresser le taux de transformation.


Pour résumer, les questions abordées ont notamment été celles du financement de la maîtrise d’oeuvre et du diagnostic car en France il n’y a pas, d’après les participants, une approche globale d’un projet de travaux, incluant l’ingénierie.